Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Carnet de déroute
7 janvier 2009

Welcome (ou pas) to Nigeria !

03h30 : Réveil à Cotonou, douche, café/noix de coco

04h00 : Le zem (mototaxi) me dépose au marché ou un des taxis pour le Nigeria attendait justement le 8ème passager synonyme de départ.

05h30 : Cela fait maintenant une heure que l’on attend devant le commissariat central de Cotonou deux de nos passagers emmenés suite à un classique contrôle de police. Excédés, ils cèdent et monnayent leur liberté.

08h00 : Après quelques formalités, je suis enfin Nigérian, pour 72 heures seulement.

09h30 : Je saute du taxi 9 places dans la folie de la grouillante Lagos. Mon bus pour Calabar vient de partir… …dans les embouteillages qui me permettent de le rattraper sans souci !

22h30 : Le chauffeur annonce qu’il est trop fatigué pour nous amener à destination. Une des passagères m’invite à profiter de la voiture de son frère venu l’emmener à Oron, justement la ville de départ des bateaux pour le Cameroun. Comme d’hab., je me retrouve à partager le dîner et le lit des garçons.

Au réveil, je m’assure d’avoir l’appareil photo sous la main pour les 45 minutes de pirogue qui me séparent de Calabar où l’on délivre les visas camerounais hors de prix. La mangrove tropicale qui nous entoure mérite en effet quelques clichés, encore faudrait-il que l’appareil se trouve toujours dans mon sac ! Je n’ai pourtant relâché mon attention que quelques minutes, le temps d’aller aux toilettes… Ca m’apprendra à faire le radin et à ne pas prendre l’avion…

Ironie du sort, c’est un photographe qui m’accueille à Calabar, dans l’hôtel de luxe qui abrite son équipe venue couvrir un festival local blindé de stars américaines (J’ai raté Fat Joe !!).  On s’y croirait presque aux states,  entre les reality shows qu’mtv diffuse à travers chaque TV de l’hôtel ou encore les fast foods qui s’alignent le long de la route. Je suis dans un de ces quartiers qui surfe sur les vagues de pétrole glissant sous le sol Nigérian. Ici tout va bien  même s’ il faut oublier l’ambiance bonne enfant d’Afrique de l’ouest. On se croirait dans n’importe quel centre-ville occidental, à ceci près que la banlieue pauvre qui entoure ce riche quartier couvre 95% de la ville.

Dès que l’on passe de l’autre côté du cordon de gardes, shotgun et grenade en main, la tension est palpable, et le Nigeria se montre à la hauteur de sa triste réputation…

Souvent, un passant décide spontanément de m’escorter. On me répète que les kidnappings pour rançon sont fréquents, les nigérians espérant tomber sur l’enfant d’un de ces nombreux étrangers pleins de pétrodollars.

Malgré cela, le principal risque d’une ballade dans une ville nigériane, c’est le torticolis, tant les femmes de ce pays répondent aux canons de l’esthétique occidentale.

Pas le temps pour moi d’en profiter, puisqu’à peine deux jours plus tard, je suis déjà de retour à Oron, prêt à embarquer dans le premier rafiot faisant cap sur le Cameroun, à la fois soulagé de quitter ces inhospitalières cites nigérianes et déçu de ne pas avoir eu le courage de m’enfoncer dans la forêt qui les entourent, certainement beaucoup plus accueillante.

Après 5 heures d’attente, la barque motorisée se présente enfin. Et ça commence mal, puisque le pilote veut m’expulser, sous prétexte qu’il n’a pas reçu sa part de l’argent que j’ai remis au « patron ». Puis il s’en prend à un autre passager, teste la barcasse, retourne sur la berge chercher quelques colis, tente de m’expulser une seconde fois, et c’est enfin le départ.

Ah non pardon, j’oubliais la douane puis les 3 contrôles de police successifs, où l’on me menace de m’interdire la traversée pour diverses raisons folkloriques, espérant toujours que je sorte le petit billet, désespérant toujours face à mon sourire patient.

Trois heures de tape-cul au rythme des vagues qui claquent contre le fond de l’embarcation plus tard, après avoir transféré les voyageurs sans papiers sur un zodiac, on met enfin le cap vers les terres camerounaises. Je regrettais déjà que l’appareil photo soit parti avec mes vidéos du Nigeria, mais la, je suis carrément dégouté (pour vous hein, parce que moi, je m’en suis mis plein les mirettes !)

La pluie vient s’ajouter au vent pour mieux nous fouetter le visage. Elle vient des inquiétants nuages qui s’empalent sur le Mont Cameroun et ses contreforts, assombrissant encore la gargantuesque végétation qui les recouvre, impuissante face au calme de l’océan dans lequel elle semble sombrer inexorablement, glissant depuis l’abrupt relief.

Comme envoûté, je me sens soudain tout pti, minuscule, tout vulnérable, là, à la proue de cette fragile coque de noix. Je savoure cette claque de mystère exotique que je n’attendais plus.

Puis on débarque, on foule avec attention ce sol torturé par l’activité volcanique, ignorant l’appel que le paysage lance continuellement au regard. Puis la police recueille sa dîme, le taxi nous avale et file déjà sur cette route en dents de scie, ridicule sous l’épaisse jungle qui l’englobe avant de s'écarter pour laisser place à la capitale camerounaise : Douala.

Publicité
Publicité
Commentaires
Carnet de déroute
Publicité
Carnet de déroute
Newsletter
Archives
Publicité